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Covid-Organics : la grande leçon que l'Afrique pourrait en tirer

Covid-Organics : la grande leçon que l'Afrique pourrait en tirer

Andry Rajoelina

Que l’approbation déjà très hypothétique d’institutions internationales dont la puissante OMS se réalise ou pas, le covid-organics va forcément changer beaucoup de choses en Afrique. Et pourquoi pas dans le monde ? Esquisse d’analyse.

La catastrophe aux portes de l’Afrique du fait du nouveau coronavirus ? Oui, à en croire l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’institution a en effet estimé jeudi que « 83 000 à 190 000 personnes en Afrique pourraient mourir du COVID-19 et que 29 à 44 millions pourraient être infectées au cours de la première année ».

Ceci, dans le cas où « les mesures de confinement échouent, selon une nouvelle étude du bureau régional de l’OMS pour l’Afrique », indique un communiqué reçu par l’AFP à Brazzaville, siège régional de l’organisation. Cet avis procédérait de « la modélisation, porté sur 47 pays de la région africaine de l’OMS, soit une population totale d’un milliard d’habitants ».

Cette alerte qui survient après bien des prédictions similaires, est lancée au moment où la polémique peine à retomber entre l’OMS et des pays africains sur le covid-organics. Alors que l’institution continue d’exiger des preuves « scientifiques », beaucoup d’Africains semblent déjà convaincus de l’efficacité de cette tisane qui aurait déjà fait ses preuves à Madagascar.

« (…) Puisque les scientifiques n’ont pas encore mis au point un médicament efficace, accepté par tous, nous pensons que tous les essais qui sont faits ailleurs et qui ont donné quelques signes d’efficacité, comme le protocole du professeur Raoult ou le produit de Madagascar, nous pensons qu’en milieu hospitalier, sous contrôle, nous devons les essayer, nous aussi, pour tenter de sauver des vies », a confié jeudi, le président congolais Denis Sassou-Nguesso à RFI et France 24.

« C’est la réaffirmation de la posture panafricaniste de Denis Sassou-Nguesso en participant à la promotion d’un produit africain », commentait récemment Bibane Itoua, journaliste de la télévision publique après la réception par le Congo-Brazzaville d’un premier lot de cette tisane censée guérir du coronavirus.

Un panafricanisme affirmé par d’autres dirigeants dont Félix Tshisekedi de RDC, Embalo Cissoko de Guinée-Bissau, Mamadou Issoufou du Niger et Teodoro Obiang Nguema Mbassogo de Guinée-Équatoriale.

Or, le panafricanisme, c’est sans doute l’arme qui a fait défaut lorsque l’OMS a nié l’efficacité de l’Immunorex DM28 contre le sida du professeur gabonais Donatien Mavoungou, décédé en février dernier. Et si des événements menés en synergie comme le symposium littéraire contre l’apartheid tenu à Brazzaville en 1986 avaient jeté les bases de la libération de l’Afrique du Sud de l’apartheid, les Africains avaient laissés les professeurs Lurhuma du Zaïre (actuelle RDC) et Ahmed Shafik d‘Égypte seuls face à l’OMS pour défendre leur MM1 destiné à guérir lui aussi du VIH/Sida.

Recycler « les avaries »

Mais si l’on peut blâmer des dirigeants comme Mobutu pour le financement d’un programme spatial en pleine crise économique et Yahya Jammeh pour son produit contre le sida, Andry Rajoelina est désormais salué pour avoir franchi le Rubicon de l’auto sous-estimation pour montrer aux Occidentaux que l’Afrique peut, par-dessus tous ses déboires, jouer un certain rôle.

« Quoi que l’on dise de ce monsieur, lui au moins a pris le courage de promouvoir ses chercheurs. Les grands promoteurs d’inventeurs occidentaux sont d’abord leurs dirigeants », a déclaré Willy Ngoyi Nzamba, acteur congolais de la société civile.

M. Ngoyi estime également qu’il faudra désormais également tenir compte du protocole existant dans la médecine traditionnelle en Afrique, car même les Occidentaux sont passés par là. « Certes, la science a ses exigences. Mais trop de cartésianisme peut parfois bloquer beaucoup de choses. La cautérisation n’est pas pratiquée qu’en Afrique, elle est aussi pratiquée en Occident. C’est dire que par le passé, bien des personnes ont recouvré leur santé pour avoir consommé des produits sans que ces derniers n’aient reçu l’aval de quelque structure internationale ».

Allusion à peine voilée à des œuvres telles que le vaccin antirabique du savant français Louis Pasteur qui sauva son compatriote, le jeune Joseph Meister au mitan des années 1800. À la fin du 17è siècle, de l’autre côté de la Manche, le médecin anglais Edward Jenner avait élaboré le vaccin contre la variole.

Ainsi, en ce 8 mai, date de la célébration du 226è anniversaire de l’exécution d’Antoine Laurent de Lavoisier, il est peut-être grand temps pour l’Afrique de s’appuyer sur cette formule de l’ancien chimiste français : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ».

Autrement dit, plutôt que de les abandonner et oublier dans la pénombre de l’histoire, l’Afrique gagnerait désormais à recycler, de manière concertée, ses « avaries » scientifiques et techniques rejetées par des certificateurs internationaux.

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